Besoins
Un même besoin peut être satisfait
par une variété d’objets différents
Dans Marnie (1964), d’Alfred Hitchcock, le personnage de Sean Connery découvre les médicaments de Marnie et lui demande : « Où as-tu trouvé ces choses-là ? » Il sous-entend qu’elle pourrait mettre fin à ses jours, puis poursuit : « Les hauteurs, les cordes, les fours, même les sacs en plastique. Oui, bien sûr que tu peux. Tu peux trouver ce qui te conviens. Le monde regorge d’alternatives. » Cette scène met en évidence comment la pulsion tragique de se suicider peut se concrétiser à travers des objets du quotidien, certains plus courants, d’autres inattendus. Quelques minutes plus tard, les personnages jouent à un jeu d’association de mots, reliant un terme à plusieurs significations. Cela m’a rappelé le jeu de société Cluedo, auquel je jouais enfant, où même un chandelier pouvait devenir une arme du crime ; ou lorsque Dobby, dans Harry Potter et la Chambre des secrets (2002), se fait du mal avec une bouteille, une armoire ou encore une lampe.
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Et si quelqu’un avait soudainement besoin d’écrire ou de dessiner ? Comme la carte esquissée sur un miroir dans Patton (1970) ou les quelques notes que Cruz griffonne sur une serviette dans Madres paralelas (2021) d’Almodóvar. Parfois, ce n’est pas un acte impulsif, mais un véritable rituel, comme dans Printemps, été, automne, hiver… et printemps (2003), où le vieux moine utilise à plusieurs reprises la queue de son chat pour tracer des caractères sur le sol en bois de son temple flottant. L’écriture est l’un de ces besoins fondamentaux où la réutilisation d’objets semble presque naturelle. Se couvrir la tête en est un autre : se protéger de la pluie avec un sac en plastique, comme dans le documentaire russe Chut ! (2003), ou du soleil avec une feuille, comme dans Le Pont de la rivière Kwaï (1957). Plus récemment, en revoyant Indiana Jones et la Dernière Croisade (1989), j’ai remarqué comment Indy éclaire les catacombes italiennes en utilisant un os comme torche. Il serait sans doute intéressant de dresser une liste des besoins quotidiens résolus par des objets inattendus, tels qu’on les voit dans les films et documentaires.







