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De l'extérieur vers
mes fenêtres

Phase 2

Après observer les fenêtres d'autres personnes, il est intéressant d'observer aussi ses propres fenêtres de l'extérieur, pour élargir davantage le sentiment de surveillance comme si les fenêtres pouvaient s'imaginer et voir à ce qu’elles ressemblent. Les miennes sont au quatorzième étage d'un immeuble de vingt étages près de la Route nord de Chaoyang, orientées vers l'ouest et le nord. La plupart de mes fenêtres mesurent 1m35 de hauteur, sauf celles du balcon intérieur car des baies vitrées remplacent le mur. Les fenêtres de ma chambre sont reconnaissables de loin grâce à leurs cadres blancs, tandis que tous les autres sont noirs, sans compter les barreaux en bois cassés à gauche. La fenêtre de la salle de bain a aussi souvent la moustiquaire remontée. De l'autre côté, mes fenêtres de la façade nord ont des autocollants de Noël faciles à repérer de l'autre côté de la rue.

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Même si ce ne serait pas le chapitre idéal pour évoquer ce projet, étant donné que le photographe avait pris l'habitude de photographier une fenêtre qui était en face de sa chambre pendant douze ans, et non la sienne vue de l'extérieur, on voit soudain la fenêtre que Alper Yesiltas a contemplé pendant tout ce temps comme un corps vivant, avec son rideau en dentelle blanche, son mur aux couleurs changeantes, un jour enneigé et un autre ensoleillé, et comment le passage du temps a eu son effet sur la fenêtre jusqu'au jour où elle a finalement été démolie, disparaissant subitement comme dans la vie lorsque quelqu’un meurt. Le projet de Yesiltas (2017) peut ainsi suggérer cette contemplation active d'une même fenêtre au cours du temps, une rare persévérance à représenter le même élément jusqu'à que cela en devienne une obsession. Cependant, dans ce chapitre, j'ai expérimenté avec mes fenêtres en les regardant du plus loin au plus près et sous des angles différents, plutôt que d'utiliser un seul point de vue. Deux autres expériences de moindre échelle ont consisté à photographier ma fenêtre depuis une autre de mes fenêtres, puis aussi de demander à deux voisins de prendre une photo de mes fenêtres ouest de l'extérieur après leur avoir indiqué comment les reconnaître. Pendant un instant, j'ai eu l'impression de restreindre mon intimité en faisant savoir aux autres où je vivais exactement, mais ce ne fut qu'un sentiment et non une réalité.

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